dépression

01-06-2022

Lire. J’ai quasiment toujours aimé lire. Et j’ai quasiment tout le temps entendu dire que c’est bien de lire. Et j’ai toujours trouvé cette assertion fausse. Ce qui est bien, il me semble, est d’être curieux. Ce qui est bien, aussi, c’est d’avoir du vocabulaire. Et effectivement, la lecture est sans doute un des moyens le plus simple de développer la curiosité et le vocabulaire, mais il est loin d’être le seul. La curiosité et le vocabulaire sont importants, mais il est, aussi, nécessaire de développer en parallèle des talents manuels. 
À titre perso, je ne sais pas d’où me viens cet amour de la lecture, mais je sais que j’y ai consacré beaucoup de temps et que du coup, je passais parfois pour quelqu’un d’intelligent alors que je n’était que cultivé. J’ai toujours lu des livres sur tout, et j’ai donc des avis sur tout et souvent avec des avis qui peuvent désarçonner ceux qui pensent me connaitre, ceux qui ont l’habitude de ne parler que pour donner leur avis. Souvent, dans une conversation, avant de donner mon avis, j’essaie d’énoncer des faits pour être sûr que nous parlons de la même chose, des faits que tout le monde connait, mais présenté d’un point de vue moins central, décalé. Par exemple : la lecture n’est pas indispensable.
J’ai toujours aimé lire et la lecture m’a permis de me cacher derrière des livres, j’étais capable d’en dévorer du matin jusqu’au soir, et même parfois la nuit. Quelque part, cela m’a sans doute permis de m’opposer à mon père qui ne lisait pas et qui aurait bien aimé, parfois, que je fasse autre chose que de tourner des pages, quelque chose de concret avec mes doigts, même s’il était sans doute fier que je sois un « intellectuel « , c’est souvent ça quelqu’un qui lit un « intellectuel » alors que j’étais juste timide, peureux et peut être un peu feignant … Et aussi curieux. J’ai été élevé dans l’idée qu’il fallait faire plaisir à ses parents alors que je vivais dans une époque de recherche du plaisir personnel. J’ai été le jouet des uns et des autres et j’oubliais ses manipulations dans les livres, mais j’aurai pu les oublier dans le sport, dans la création, mais l’un comme l’autre nécessitait du travail et des échecs avant d’arriver à un résultat, la lecture m’offrait tout sans grand effort.
Le premier livre que je pense avoir lu et aimé est l’Odyssée, ne suis-je donc pas un peu comme ce héros, Ulysse, parti pour une guerre qui ne le concerne pas réellement et qui rame pour rentrer vivant chez lui ; vivant et dominant mille aventures fantastiques, comme lui, j’ai essayé de me trouver, en étant ballotté dans mes livres alors que la vie et moi étions juste derrière les livres. 
Je pense à la lecture et à l’amour de la lecture, car je lis « l’oiseau d’Amérique » de Walter Tevis, encore un bouquin lu il y a quarante ans. Je relis beaucoup depuis quelques mois, ce que je ne faisais jamais auparavant. J’avais un bon souvenir de ce livre, que j’avais lu en entier contrairement à  » Berlin alexanderplatz« . Je me souvenais de ce robot qui ne pouvait pas se suicider, sa programmation l’en empêchant. Mais j’avais oublié, si j’en m’en étais aperçu à l’époque, que c’était une ode à la lecture. Dans une société qui ne lit plus et qui est livrée aux machines, les humains deviennent suicidaires et soumis aux aléas d’un système « concentrationnaire ». Dans cette société une personne qui lit est une personne dangereuse. À l’époque de son écriture, l’informatique n’avait pas encore envahi nos sociétés, et cela, fait étrange … Je ne l’ai pas encore fini. Je préfère finir cette recension une prochaine fois. 

24-05-2022

J’éprouve parfois un irrésistible besoin de manger sans avoir faim. Je mangerai n’importe quoi dans n’importe quel ordre sans me sentir substanté. Juste le besoin de faire quelque chose. Là, quand je l’écris, je trouve cela ridicule. Il y a tellement de choses à faire de plus utile, de moins nocif que de se nourrir inutilement. Mais parfois cela devient frénétique, je termine tous les paquets entamés jusqu’au dernier, et je me sens triste. Non, pas réellement triste, mais plutôt seul, ou inutile. Une solitude stupide qui n’a rien à voir avec le réel, car je suis entouré et plutôt bien entouré, seul dans le sens : « À quoi bon tout cela »? Seul dans le sens inutile. Ce qui tout aussi stupide, car je ne suis pas inutile, pas complètement, mais j’aurai besoin d’être indispensable, de partager, de brasser, mais je n’arrive pas à faire le peu que j’ai à faire alors comment je pourrai être indispensable ? Comme je l’ai écrit précédemment, j’aime les taches routinières, mais parfois, elles m’étouffent, j’aimerais être ballotté par quelque chose de sexy, comme quand j’étais jeune et que je ne savais pas ce qui allait se passer le lendemain. Mais je ne suis plus jeune. Dieu merci. J’oublie parfois que ces errances m’ont souvent mené nulle part, dans des voies sans issue ou qui ne m’intéressait, sommes toutes, pas. Mais c’était excitant de se lancer dans une nouvelle aventure, comme la fois où j’ai accepté de jouer dans une pièce de théâtre, apprendre le texte, les positions, chercher, douter, recommencer, sentir le trac monter, jouer et me barrer avant les applaudissements, car je m’étais trouvé nul. En fait, je ne m’étais pas trouvé si nul, mais j’ai eu peur du regard des autres, peut être même ai-je eu peur d’être heureux et fier des applaudissements, quand je jouais, j’étais quelqu’un d’autre, les applaudissements auraient été pour moi et j’ai eu peur. Peur ou honte ? j’avais oublié le souvenir de cette première pièce de théâtre, j’en ai fait d’autres et j’ai souvent eu le tract mais jamais plus je n’ai eu aussi peur, aussi honte de faire du theatre. Combien d’expérience de ce type ? Tant et aussi bien dans l’art que dans ma vie professionnelle. Et paradoxalement, je n’ai jamais ressenti cette honte, cette peur dans ma vie professionnelle. En fait, j’ai longtemps eu peur de créer et encore aujourd’hui, je me dis « à quoi bon tout cela » ? Cirillo, je t’emmerde, tu es un artiste, certe, mais tu es trop, trop con.   

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