Tous les jours mon corps fabrique des millions de spermatozoïdes. Plusieurs fois par seconde mon cœur bat. Un tiers de ma vie, souvent la nuit je perds conscience. A chaque instant, mes viscères transforment la matière. Pendant les deux tiers de ma vie, j’analyse mon environnement. Certaines choses restent, d’autres se cachent et le reste disparait. Mon plus vieux souvenir est un traumatisme. il doit dater de la fin du printemps, ou de l’été 66, ou peut être 67 avec mes parents nous habitions, je pense, à Echevronne en Cote d’Or. J’ai 5 ou 6 ans, je ne sais pas. Je joue à sauter depuis les marches du perron, je pense être assez content d’y arriver. Ma sœur doit avoir deux ou trois ans et demi. De deux choses l’une, ou elle me voit faire et veux faire pareil que moi, à cet âge les enfants veulent reproduire ce qu’ils voient faire, ou pensant avoir compris la technique, je souhaite lui enseigner. Dans le second cas c’est un échec traumatique, car cela c’est terminé dans le sang et les cris, dans le premier je lui dis qu’elle est trop petite, sans doute l’ai-je entendu déjà dire, mais je cède. Dans tous les cas il me semble me souvenir que je lui propose de commencer par la première marche qui doit avoir, il me semble entre 5 et 10 cm de haut, mes souvenirs sont moins net, mais il me semble que je lui tiens la main pour l’aider, mais qu’il n’est pas impossible que je m’agace qu’elle ne comprenne pas. toujours est il qu’a un moment au lieu de sauter verticalement elle tombe à l’horizontale, et là j’ai un vide énorme, je crois que j’ai paniqué, saturé, effacé ce moment et je reprends conscience qu’aux cris de ma sœur à qui le docteur local fait quelques points sutures, et je perçois la déception de mon père qui reste encore ancrée en moi, au point ou j’en pleure en écrivant ces lignes. Désolé, mais voilà ça c’est calmé. Je me souviens aussi d’une pierre avec des pointes et des creux comme dans les gruyères, ce type de pierre qui servait de bordure dans notre coin.
Catégorie : Textes
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poésie d’avant : Médusé
circa novembre 2022
je vis dans un corps mort depuis longtemps
une vie emplie d’envies inassouvies
de besoin vitaux repoussé à la limite.
oui, j’erre dans une vie vendue
vendant mon temps et mon corps
pour un resto, un film, un téléphone.
je joue à des jeux qui me réconfortent
et me bercent d’illusion, écrasent le temps
inutile, factice, technologique, chimique.
Telles des prostituées trop maquillées
des vitrines luxuriantes me hèlent
en reflétant mon teint blafard.
Dans les rues urbaines
j’erre pauvre héro, pauvre zéro,
pleins de tentations, de frustrations
entretenue dans un équilibre délicat
par des puissances inconnues,
par des marionnettistes frustrés eux même
qui nous transmettent subtilement
leurs haines et leurs frustrations
leurs peurs aveugles.
ils nous guident lentement
mais sûrement contre un mur lointain :
pour l’instant ça va,
merci -
poésie d’avant : Cimetière
circa janvier 2019
Je joue dans le cimetière
Devant tes yeux de pierre
J’ai dessiné à la craie
Le parcours du vrai
Il passe et repasseMais jamais ne trépasse
Mais jamais ne trépasse
Mais jamais ne trépasseJ’ai revêtu une cape de laine
Qui me protège de la haine
Je vois bien que tu détestes
Que je joue avec les restes
De ces âmes en délire
Qui au son de ma lyre
Échappent à un dieuNe fait pas les gros yeux
C’est ton corps
En décomposition
Dévoré par la terre
La vie est infinie
Brûle Brûle Brûle
Et consume moi
De haut en bas