Comme un vide qui se creuse. Comme des patates dans le cĆur. Comme une vie qui part en fumĂ©e. Des envies de pleurer sans raisons. Des raisons qui s’ignorent. une peau abandonnĂ©e sous des tissus synthĂ©tiques faits par des machines. des machines conçues pour broyer le vivant. Le vivant qui pleure des larmes dessalĂ©es. Des larmes sans goĂ»t, dĂ©goĂ»tantes. Des fleuves Ă©cĆurants de sentimentalismes. MentalitĂ© de pauvres, de losers, de perdants. De pĂšre en fils. Ascendant descendant. Je n’en peux parfois plus.
Catégorie : En cours
Divers – En cours
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Livre en cours : Fury

commencé le 2025/03/04
pour l’instant je me force mais honnĂȘtement si j’avais un autre roman Ă lire je le lĂącherai sans souci
le 2025/03/15
toujours en cours, Ă partir du premier tiers les choses s’Ă©clairent. Trop scĂ©narisĂ© Ă mon goĂ»t il est Ă©crit pour faire un film.
le 2025/03/22
terminĂ©, des passages un peu plus « lisible » mais globalement je n’y ai trouvĂ© que peu dâintĂ©rĂȘt
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Erwarterteter Fortschritt *
Version 2
Le ciel est magnifique ce soir, pas un nuage, une lune magnifique, trĂšs nette, qui se laisse draguer par une Venus Ă©tincelante devant une myriade dâautres Ă©toiles sans doute jalouses du spectacle offert par ces deux stars. Ă lâabri du vent, il fait doux pour lâĂ©poque. damnĂ© vent du nord. Il serait presque agrĂ©able dâĂȘtre ici si ce nâĂ©tait la douleur.
Jâai toujours aimĂ© regarder les Ă©toiles dans le ciel. J’admire le travail fait il y a des milliers dâannĂ©es pour donner un sens Ă ce fatras de lumiĂšres posĂ©es dans un dĂ©sordre absolu et dans le but avouĂ© d’Ă©duquer ses semblables, qui pour la plupart sâen sont branlĂ© et sâen branlent encore. Moi le premier. Je sais que cela existe, jâen connais quelques histoires, mais ce nâest pas cela qui mâintĂ©resse dans le ciel. Jâaime lâidĂ©e de lâinfini, et câest dans le ciel que je le vois le mieux. En regardant le ciel, mes pensĂ©es se libĂšrent partiellement : dâoĂč me vient lâamour de lâinfini ? Dans un livre, peut-ĂȘtre, mais lequel ? Dâun ami, dâune connaissance ? Mais qui ? Du ciel lui-mĂȘme ? Câest encore le plus plausible, mais difficile dâen ĂȘtre sĂ»r⊠De ma famille ? Ma femme ? Mes enfants ? Je souris, jâai essayĂ© de leur apprendre, mais ils se sont toujours moquĂ©s de moi, de mes parents ? Non, ils ne pensaient quâau travail et Ă lâargent, ce nâĂ©tait pas facile pour eux, paix Ă leurs Ăąmes, ni pour mes frĂšres et sĆurs. Dâun coup, je me rends compte que je suis le dernier de cette gĂ©nĂ©ration, et mĂȘme de la suivante. En remontant le fil du temps, jâoublie lâinfini et les Ă©toiles et je repense Ă la pĂ©riode de mes dix Ă quinze ans. Un de mes aĂźnĂ©s, un arriĂšre-arriĂšre-grand-parent, je crois, habitait en face de chez mes parents. Il Ă©tait si vieux quâil ne bougeait plus de son lit et Ă©tait lâobjet dâadmiration du village et de disputes de mes parents, de mes oncles et tantes pour savoir qui allait sâen occuper.
RĂ©guliĂšrement, jâavais pour mission de passer voir sâil allait bien, je lâaimais bien, jâaimais bien les histoires quâil me racontait quand jâĂ©tais plus jeune encore. Il avait la fĂącheuse habitude de fumer des cigarillos, mais de les fumer Ă lâenvers. Le bout allumĂ© dans la bouche. Il a dĂ» me dire pourquoi, mais jâai oubliĂ©. Mais je me souviens que cela agaçait ma mĂšre, son arriĂšre-petite-bru, qui en dĂ©testait lâodeur. Si elle avait su quâil me demandait de les allumer car il nâarrivait plus Ă faire fonctionner son briquet Ă essence et quâil refusait les briquets Ă gaz et les allumettes. « Puzza », disait-il en bougonnant et en se pinçant le nez. Je me souviens que jâai passĂ© des heures Ă Ă©couter ses histoires jusquâĂ lâĂ©cole secondaire. Cela arrangeait bien ma mĂšre Ă lâĂ©poque : elle nâavait pas Ă me chercher, elle savait que jâĂ©tais la plupart du temps lĂ , Ă cotĂ© du lit gigantesque de mon aĂŻeul, Ă dessiner, Ă©crire, rĂȘver dans la pĂ©nombre et lâodeur des cigarillos. Bon dieu, je me souviens quâil est mort quelques mois avant ses cent ans. Ce qui avait pourri la fĂȘte que la commune envisageait de faire en son honneur. Je revois encore des officiels venir lui crier « tenez bon, lâancien, nous allons vous faire une belle fĂȘte », et lui, pour les agacer, rĂ©pondait « hein ? » comme sâil Ă©tait sourd. Nous en riions aprĂšs leur dĂ©part et il me disait : « C’est maintenant que tu dois faire la fĂȘte, parce quâĂ mon Ăąge, on sâen fout », et mon pĂšre : « Allons, papy, cela va ĂȘtre une jolie fĂȘte. » Je crois quâil avait envie, lui aussi, de voir sa famille Ă lâhonneur.
Merde. Je ne dois pas bouger, pas mâagiter, le moindre mouvement me dĂ©chire le cerveau. Pourquoi je suis passĂ© par lĂ , je sais pertinemment que câest plus rapide, mais plus dangereux. Tant pis, rien que dây penser, je rĂ©veille les douleurs. Je dois rĂȘver. Respirer doucement et oublier le prĂ©sent. Oublier ce corps douloureux. Oublier. Ailleurs. Dans lâunivers global. Faire un avec lâenvironnement. Salut Papy, Je tâai dĂ©passĂ© de peu, mais je tâai dĂ©passĂ©. Personne nâa fait la fĂȘte pour moi. Le village est abandonnĂ©. Et, je vais Ă la ville le moins souvent possible. Jâai eu 100 ans il y a 4 mois, tu es parti quelques mois avant les tiens. Mais, quand mĂȘme, je pense que jâaurais pu exploser ton score, si je nâavais pas voulu faire le fou en passant par les passages des 3 sources. Je sais quâil est glissant. Mais cela fait presque deux mois quâil fait gris, moche et humide, jâai bien cru que jâallais y passer, mais depuis deux jours, les nuages ont Ă©tĂ© balayĂ©s par le vent du nord, ce maudit vent du nord qui efface les nuages, crĂ©ant lâillusion du printemps, mais qui gĂšle tout ce quâil touche. Ce matin, jâai eu le courage dâaller voir si je trouvais des champignons dans la forĂȘt qui se trouve derriĂšre le passage. Ce nâest pas si loin et je peux encore y aller en faisant le tour, mais, en revenant avec mon panier de champignons, jâai eu envie de voir lâĂ©tat des trois sources : L’eau de celle qui traverse le chemin a le goĂ»t de la pierre, un goĂ»t minĂ©ral. Merci. Papy C’est toi qui me lâavait fait remarquer antan. Je nâĂ©tais pas venu depuis des annĂ©es et jâaurais pu mâen passer encore aujourdâhui. AĂŻe, pas de regret ; respire, calme : lâeau tâa fait le plus grand bien. Tu le sens, le sac de champignon ? Câest bien lui qui est posĂ© sous ton bras⊠Doucement, prends-en un et mĂąche-le doucement. Ahhhh quelle douleur atroce. Mais bordel, je vais sans doute crever ici, autant me faire plaisir. Le goĂ»t du champignon, ce goĂ»t de terre, ce mousse. La nature, c’est elle qui mâa fait tenir ces derniĂšres annĂ©es. Elle et les quelques marcheurs qui se perdaient et traversaient le village Ă©taient Ă©tonnĂ©s de trouver quelquâun encore debout. Je dois ĂȘtre dans des albums de photos du monde entier. Sourire. Plus jeune, jâen ai fait des tours sur notre monde. Je suis fier de ma vie, jâai passĂ© mes vingt premiĂšres et vingt derniĂšres annĂ©es ici. Jâen suis le produit ultime. Jâai peu de chances que lâon me trouve avant quelques mois, et quâest -ce que cela change, ici ou ailleurs ? J’espĂšre juste ne pas trop souffrir. Petit Ă petit, mon corps va se mĂȘler Ă la terre et ainsi je lui rendrai un peu de ce quâelle mâa apportĂ©. Je ne regrette rien, ma femme est morte un peu avant mes enfants. Puis jâai vu partir la plupart de mes petits-enfants, puis jâai dĂ©cidĂ© de revenir ici. Parfois, un de mes arriĂšre-petits-enfants se rappelle de moi, mais nous sommes des inconnus les uns pour les autres⊠JâespĂšre quâils sont heureux. Moi, je le suis mĂȘme maintenant oĂč le moindre mouvement est une souffrance. Je nâavais pas fait attention, mais la nuit est tombĂ©e, et la lune s’est levĂ©e, accompagnĂ©e de VĂ©nus. Je me plonge dans lâespace en mĂąchouillant des champignons, les arbres autour coupent le vent, la terre est exceptionnellement chaude, une chouette hulule au loin, les branches craquent et jâalterne entre rĂȘve et rĂ©alitĂ©, les champignons sont un miracle.
Je suis Ă Buenos Aires juste aprĂšs la guerre, jâhabite la maison dâun cordonnier, Attila, qui mâhĂ©berge et mâapprend le mĂ©tier, je suis arrivĂ© ici par un Ă©norme cargo en tant que marin.
AprĂšs la guerre, la tĂȘte pleine dâhorreurs, jâĂ©tais retournĂ© dans mon village, jâĂ©tais perdu. En Espagne, la dictature Ă©tait restĂ©e en place et nos horizons Ă©taient Ă©troits. Ă la ville voisine, un pĂȘcheur avait besoin dâun commis. Je lui plus, nous partĂźmes avec son Ă©quipe faire des pĂȘches lointaines. Un jour dans un port français, j’entendis parler dâun cargo qui recrutait un aide-cuisinier pour aller en Argentine. Je ne connaissais pas rĂ©ellement, mais le nom faisait rĂȘver. Ils mâengagĂšrent. Les adieux avec mon patron furent lâoccasion dâune beuverie de marin mĂ©morable, je fis le premier jour de voyage dans le coma. Les voyages en cargo sont longs, monotones et encore plus longs. Jâai Ă©pluchĂ© tellement de lĂ©gumes, ouvert tellement de boĂźtes, mais dĂ©jĂ le soir et le ciel, les pauses et lâocĂ©an, les baleines, les dauphins et autres animaux que je ne connaissais pas me fascinaient. Le voyage devait durer trois semaines, mais, suite Ă une avarie, nous restĂąmes cinq semaines en mer. Et le seul divertissement de lâĂ©quipe Ă©tait les combats. Pas de gros gabarits, mais des vicieux, des nerveux. Jâai perdu deux dents et je porte encore une cicatrice Ă lâarcade. Jâai appris Ă me battre sur le bateau et pendant les vingt ans qui ont suivi, j’ai gagnĂ© quelques combats, mais jâen ai perdu aussi beaucoup. La vie Ă©tait simple. je me levais tĂŽt, je vĂ©rifiais mes blessures, jâallais Ă la cambuse, Ă la pause de lâaprĂšs-midi, je me posais sur le pont avant de retourner Ă la cambuse ; puis, le soir, une fois le local propre, je passais me changer et nous nous retrouvions sur le pont pour picoler et nous battre. Quand il pleuvait, ce qui Ă©tait rare, nous jouions aux cartes. Perso, je prĂ©fĂ©rais aller lire dans ma chambre. Je me suis endurci en peu de temps. Jâai oubliĂ© ma Gallice et la guerre en entamant ma nouvelle vie. Mais je fus soulagĂ© dâarriver Ă Buenos Aires, le manque de femmes commençait Ă rendre les marins violents et en mĂȘme temps mĂ©lancoliques. Les deux semaines supplĂ©mentaires commençaient Ă nous marquer. Je pris ma paye et je mâenfonçai dans la ville, jusquâĂ un quartier populaire oĂč je trouvai facilement un petit logement. Et je bus, je bus pendant un mois, je passais de bar en bar, de bagarre en bagarre et de femme en femme, et le tout en jouant, en riant et en me moquant de la vie et des gens sĂ©rieux. J’Ă©tais jeune et les marques des coups plaisaient. Un soir plus violent quâun autre, jâavais dĂ» en agacer un ou mâattacher Ă celle quâil ne fallait pas, je pris un mauvais coup et je sombrai dans le nĂ©ant. Il me transportĂšrent je ne sais comment et me balancĂšrent ou ils purent. Je me rĂ©veillai quelques jours plus tard dans une chambre chez Attila, le cordonnier, dans un quartier aux confins de la ville. Ses filles mâavaient trouvĂ© sur le trottoir devant la boutique en allant Ă lâĂ©cole. Ne sachant pas quoi faire de moi, ils me montĂšrent avec difficultĂ© dans la chambre et, avec lâaide dâun mĂ©decin, ils me soignĂšrent. Une dizaine de aprĂšs, je fus sur pied et une nouvelle vie pouvait commencer pour moi.
Version 1 le 04/05/2025


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