Étiquette : Dijon

  • Fait du jour : Dijon brûle

    La médiathèque des Grésilles victime d’un second incendie.

    Faut-il être stupide pour brûler une bibliothèque ou une médiathèque ? Pas nécessairement, mais il faut avoir la volonté d’être entouré de gens stupides. La médiathèque de Dijon-Grésilles a subi deux incendies en 15 jours. Bien évidemment, les premiers responsables soupçonnés sont les dealers voisins. Mais je pose la question : en quoi la médiathèque les gênait dans leurs trafics ? Ils se côtoient depuis des années, sans que cela émeuve ni les uns ni les autres. Avec un peu de provocation, je voudrais signaler que les dealers sont des commerçants et les commerçants n’aiment pas le remue-ménage et attirer l’attention, et vu leurs négoces, je pense qu’ils aiment ça encore moins que les commerçants traditionnels. Ce sont des suppositions, nous sommes d’accord, des suppositions pas des certitudes. Par contre, qui déteste la culture ? Actuellement, je vois deux cibles : les extrémistes et les croyants. Qui déteste la culture et veut attirer l’attention sur des quartiers spécifiques ? D’un côté, je suppose que les fachos ne verraient pas d’un mauvais œil que la pression soit mise sur ces quartiers déjà paupérisés et que cette pression pousse les habitants à la faute, mettant ainsi de l’eau au moulin du : « Vous voyez, ces quartiers ne sont pas sûrs, il faut plus de police et encore plus de pression. » Les croyants, les croyants extrémistes qui détestent que l’on n’obéisse pas aux dogmes, ou d’une religion qui perd des parts de marché, mais je ne crois pas que nous ayons des évêques ou des imams aussi fondus dans le quartier, mais j’avoue mon inculture sur ce sujet. Et je suppose que si le crime est d’origine « religieuse », ils ont les structures pour revendiquer sans être inquiétés. Par contre, si l’incendie criminel est d’origine politique, comment le revendiquer sans être découvert ? Les dealers n’ont rien à gagner à la disparition de la médiathèque, ils ont plus à perdre avec l’augmentation de la pression policière. Perso, si je pouvais parier, je parierais 1) sur un groupuscule fascisant 2) sur un déséquilibré qui se serait senti attaqué par le pouvoir de la médiathèque 3) sur un « accident » type Notre Dame de Paris.

    Toujours est-il que le discours de la nouvelle maire, N. Koenders, m’a traumatisé : je la pensais vaguement de gauche, mais son discours félicitant et demandant aux membres les plus à droite du gouvernement, Retailleau et Darmanin, d’accentuer leurs pressions, me laisse perplexe et, du coup, je pense que, hélas, comme son prédécesseur, qui, d’ailleurs, est lui aussi au gouvernement, F. Rebsamen, elle a basculé à droite, une droite nationaliste qui plus est : la marseillaise en fin de discours, était-ce vraiment nécessaire ?… Cela ne présage pas grand-chose de bon pour Dijon, mais je peux me tromper, évidemment. Mais merde, ce n’est pas de répression dont nous avons besoin, dont le peuple a besoin. Nous voulons savoir qui et pourquoi. Le préfet, sûr de lui, annonce quasiment qu’il sait déjà qui sont les coupables. Il dit : « Ce que l’on peut constater, c’est qu’à chaque fois qu’il y a une action plus forte de la police nationale, il y a immédiatement des incendies dans le quartier. », mais, ma parole, vous êtes fiers de faire chier les habitants de ce quartier ?

    Cela fait plus d’un siècle qu’on nous serine que la délinquance vient de la drogue. Et plus vous mettez la pression, plus il y en a. Sans déconner, je bois un verre de trop et je me fais gauler (et c’est normal, je ne me plains pas), et des tonnes de drogues rentrent sans problème en France et vous n’y voyez que du feu ? Bordel. Si la délinquance de la drogue est un vrai problème, ce n’est pas dans les Grésilles que vous le résoudrez ; là, vous ne vous en prenez qu’aux tâcherons et vous faites chier une population qui a déjà bien des soucis. Bordel, remontez les filières. Il y a un point de deal ? Il doit être approvisionné, je suis sûr que tous les gens du quartier savent quand et comment. Louez un appart, il existe des caméras perfectionnées quasi invisibles. Tous les clochards qui pissent contre un mur sont filmés, mais pas les dealers ? Ce sont des amis ? Bref, avec un peu de discrétion et un peu de volonté financière, il y a moyen de faire quelque chose, parce que là, avec les flics qui tournent sans arrêt, si c’était moi, je me tiendrais à carreau et donnerais RDV ailleurs. Ce n’est pas du YAKAFOCON, mais vous démontrez que, dans le fond, vous vous en foutez de résoudre les problèmes, vous voulez juste nous embobiner.

    L’autre solution, c’est la légalisation. L’alcool est en vente libre et il n’y a pas une majorité d’alcooliques. Car le problème, ce n’est pas l’alcool ou la drogue, c’est le mal-être qui incite à s’évader. Qui devient toxicomane, de l’alcool ou de la drogue ? Ce sont les personnes malheureuses, souffrantes, que ce soit physiquement, moralement ou spirituellement. Ce sont elles qui sombrent dans des accoutumances dangereuses. Les gens qui vont bien ne veulent pas mourir, que cela soit lentement ou rapidement. Et c’est la double peine. Beaucoup vont mal, car la société est écrasante, dominante et il leur est refusé de s’évader. Les gens qui décident sont confortablement assis derrière des bureaux et peuvent s’évader sans grand danger, car ils ont les moyens de s’offrir la qualité et la sécurité. Et le peuple les soutient, est ignorant et leur fait confiance. Une connaissance m’a dit aujourd’hui : « Je n’ai pas besoin d’essayer la drogue, je sais que c’est dangereux. Toutes les politiques de légalisation ont foiré dans le monde. Je n’ai pas besoin de sauter à l’élastique sans élastique pour savoir que c’est dangereux.

    La drogue, comme l’alcool, sont dangereux pour les personnes physiquement, moralement ou spirituellement amoindries, et j’ajoute pour les enfants en construction. Nous le savons, l’adolescence est un cap difficile à passer pour beaucoup, et certains n’y arrivent pas, et c’est le moment où certains prennent l’eau. Et ce n’est pas la prohibition qui réglera le problème, car l’adolescence est féconde et ils trouveront toujours une solution. Ce dont ces adolescents ont besoin, c’est d’aide. Nous ne pourrons les sauver tous, mais nous devons essayer en les écoutant, en leur donnant les moyens de s’exprimer, en donnant plus de moyens à la culture et au sport, pas à l’armement et à la guerre.

    La peur, la peur nous dirige, et nous imposons notre peur aux autres. 100 % des gens qui se sont jetés dans le vide sans élastiques sont morts. La proportion de personnes mortes des causes des drogues est nettement inférieure. La légalisation n’a pas marché ? Pourquoi ? Parce que la drogue, c’est mal, et que, du coup, les gens vont prendre autre chose ailleurs. Mais surtout, qui dit que cela n’a pas marché ? Nos médias appartiennent à des personnes qui ont besoin que la population souffre, que la population ait peur, que la population les croie, car une personne qui souffre doit compenser en consommant, car une personne qui a peur obéit, et une personne qui croit ne doute pas. Bref, loin de moi l’envie d’avoir une société de toxicomanes autour de moi, euh, wait, nous vivons déjà dans une société de toxicomanes, mais l’envie que nous mettions les moyens dans l’éradication de la racine du mal : la misère. Les dealers se servent de la misère, mais ne la génèrent pas ; la misère, c’est mauvais pour le commerce.

  • Le film de la veille : The Arrival

    The arrival

    The arrival un film de 1996 démontrant, déjà, et en même temps la paranoïa et l’hypocrisie Américaine : la planète se réchauffe mais ce n’est pas de leur faute, non vous plaisantez : ce sont des extra-terrestres qui non content d’envahir notre planète envisagent de l’adapter à leur condition de vie en se fichant pas mal que leur condition ne soit pas les nôtres et que leur environnement nous tuera.

    The arrival, ils arrivent et ça va chauffer

    Je ne suis pas allé au bout, j’ai peut être eu tort, peut-être que le réalisateur se moquait du comportement des européens quand ils sont arrivé aux Amériques, mais j’ai un doute.

    vu à la maison sur une chaîne oubliée

    Merde, je viens de lire la fiche Wikipedia de David TWOHY, il est le réalisateur de Pitch Black et les Chroniques de Riddick deux de mes films de SF préférés 🙂 🙂

  • Le film de la veille : The Brutalist

    Le film de la veille : The Brutalist

    The Brutalist

    Attention spoilers potentiels

    The Brutalist ou la brutalité de l’envers de la liberté

    The Brutalist, le point de vue du réalisateur Brady CORBET sur la religion, le capitalisme, la famille et la sexualité, mais aussi sur la subsidence (ici des camps de concentration) et sur la création (ici l’architecture).

    Cette recension s’adresse tout d’abord au gens qui ont vu le film et dans l’intention de partager l’expérience.

    La religion, notamment juive, mais aussi chrétienne, est présente tout au long du film. Brady CORBET semble nous dire au début qu’elle est essentielle, qu’elle permet de trouver des personnes « compatibles » quand nous sommes dans un environnement inconnu (si nous avons la chance qu’elle soit déjà présente sur ce lieu). Un peu plus loin, le réalisateur semble prendre de la distance lors d’un repas en famille, mais finalement pas tant que cela. Dans The Brutalist, les Juifs sont tolérés par les chrétiens en subissant des stigmatisations, notamment physiques, et, à l’instar de la femme du cousin Attila qui complote contre László et lui conseille de se faire refaire le nez, montrant du même coup la superficialité d’une société qui vous accepte si vous vous soumettez, à l’image d’Attila, intégré par un changement de nom et de religion. Le fils du très riche industriel Harrison Van BUREN qui profite de cette société chrétienne pour laisser s’exprimer un paquet de saloperies tout au long de l’histoire. Le film n’oublie pas de dépeindre les chrétiens comme étant ouvertement racistes :-), le réalisateur ne semble pas beaucoup aimer cette religion.

    J’ai cru comprendre que Brady CORBET n’aime pas beaucoup les capitalistes non plus (peut-être parce que les uns sont soupçonnés d’être les fils de l’autre), qu’il décrit comme cyniques. Tout d’abord, la première expérience d’entreprise racontée par Attila, suivi de sa fausse humilité face à sa « réussite », puis encore Harry Van BUREN le fils d’Harrison qui, sûr de sa puissance (en réalité celle de son père), essaie de monnayer une bibliothèque, et sa stupidité quand László lui fait un devis qui semble extravagant mais qu’Harry accepte. Puis l’arrivée du père raciste et violent. Que dire des industriels qui exploitent la misère sur le port en faisant faire des taches dangereuses à des humains qui ne peuvent qu’accepter pour survivre. Le père Van BUREN, Harrison riche industriel flaire le bon coup et fait preuve de « charme » quand il s’aperçoit du potentiel de l’ouvrier (László)qu’il a humilié précédemment, Le même Van BUREN racontant avec suffisance le cynisme dont il a fait preuve avec ses grands-parents, se dévoilant à László, qui, du coup, devrait savoir à quoi s’en tenir. Mais comment être réaliste quand vous êtes extrait brutalement de la misère et que vous vous retrouvez au centre de l’attention au milieu d’un luxe oublié, voire inconnu de vous, le capitalisme vous prévient en vous aveuglant, quelle chance avons-nous ? N’oublions pas la duplicité quand il s’agit d’argent : Harrison Van BUREN fait croire qu’il est au-dessus des contingences capitalistes en se faisant passer pour un intellectuel cultivé (d’ailleurs rapidement mis à jour par Erzsébet dans la voiture qui les emmène à la « grande ville ») mais aussi par le réalisateur qui fait disparaître tous les livres dans le film, pourtant de « première édition » (et moqué par cet arriviste d’Attila, qui démontre, là, un réalisme surprenant) de la bibliothèque conçue par László.

    Histoires de familles. László retrouve le cousin de sa femme, marié et intégré à Philadelphie, d’abord avenant et généreux, mais sans excès ; il va vite montrer sa soumission aux codes sociaux locaux et surtout à sa femme, sans laisser une chance à László qui, réaliste, n’essaie même pas de s’expliquer. Puis un Gordon protecteur et son fils qui, à mon avis, mériteraient un film à eux seuls. La famille Van BUREN, avec la mère mourante, objet de toutes les attentions de son fils, ses propres jumeaux, dont le fils n’hésite pas à jouir de la puissance de son père comme si c’était lui qui était désormais responsable de tout (un clin d’œil aux chefs d’entreprises qui se sont « fait tout seuls » en nous faisant croire qu’ils sont partis de rien), fils qui n’hésite pas à dénigrer son père en public avec l’accord tacite de celui-ci, qui ne le reprend pas. Un des jumeaux est décrit comme cynique et prétentieux, quand la fille, Maggie, est généreuse et gentille. Le couple d’avocats, à l’instar de Gordon et son fils qui sont, étrangement dans ce film, dépeints comme honnêtes et serviables, un hommage subtil à la justice ? Erzsébet et Zsófia sa nièce qu’elle a protégée malgré les entraves que cela causait. CORBET nous propose donc trois types de famille dans ce film : 1) la famille créée de toute pièce pour s’intégrer, 2) la famille comme une entreprise et 3) la famille choisie.

    Inceste, impuissance, viol, pulsions et amour. Une des premières scènes du film est celle des prostituées, sexe tarifé qui ne mène à rien. La suggestion d’inceste entre les jumeaux derrière la porte du manoir. Attila prêt à céder sa femme pour la frime. Sensualité dans les clubs de jazz. Un cinéma porno comme refuge après une nuit de débauche. Difficulté des rapports fantasmés face à la réalité : la branlette prodiguée par Erzsébet à László juste après leurs retrouvailles. Sensualité et fidélité à une fête en Italie dans les carrières d’un marbre de Carrare séculaire. Puis le viol. Le viol qui, pour moi, fait basculer le film. Un film qui bascule jusqu’à atteindre son acmé dans la scène d’amour entre et László. le dur chemin du viol à l’amour. Un shoot d’héroïne à sa femme pour calmer ses douleurs: la drogue comme un miracle permettant l’amour et la révélation, cette même drogue qui avait été présentée comme une déchéance qu’il fallait arrêter (Gordon). Mais je n’oublie pas la suggestion du viol de la « fragile » nièce par Harry, le fils de Harrison. Je n’oublie pas non plus l’autre suggestion du rapport incestueux entre Harry et Harrison, les prénoms résonnant cruellement.

    J’ai aimé ce film, il montre la douleur que peut éprouver une personne qui a subi un trauma. Double peine : dans ce film, László a subi les camps de concentration et, en écho lointain, le viol d’un capitaliste sans scrupules. Voir même triple peine, son nez, personnifiant le judaïsme, la judéité, le fait tomber dans la déchéance de la drogue, avant qu’elle ne devienne l’instrument de sa rédemption. (je regrette j’ai oublié la scène ou il se casse le nez point de départ du fil rouge du film : l’héroïne). Il montre, aussi, que l’intelligence n’évite pas la misère et qu’elle ne peut pas grand-chose face à la duplicité du capitalisme, mais, dans cette histoire, l’intelligence et la patience de László lui permettront de s’en venger : Le centre communautaire en hommage à la mère d’Harrison deviendra, à l’insu de celui-ci, un écho des camps de concentration, plus précisément des camps où László et Erzsébet ont été internés (cette décision de László semble suggérée avec la scène où il envisage de réfléchir à l’assemblage de poutres et verrières). En passant, dans ce film, le réalisateur nous montre que, lors de coupes budgétaires, c’est la culture qui saute en premier avec la suppression de la bibliothèque : le capitalisme n’a pas besoin de gens cultivés, mais de gens forts et croyants. Mais revenons au centre communautaire voulu par Harrison et soutenu par la société locale chrétienne, transformé en métaphore de camps de concentration par la vengeance d’un architecte, Harrison ignorera sans doute la vraie raison d’être du centre communautaire et de ces labyrinthes, métaphore des sentiments complexes qui permettent à l’amour de se retrouver (la symbolique de l’eau recueillie dans les fondations ?).

    Ce film est plein de non-dits, de suggestions et de pistes qui peuvent être agaçantes, mais qui sont du ressort du réalisateur et de ses choix créatifs ( ?), un peu comme les suggestions de transformation des tracés du centre communautaire par un architecte sans talent piloté par un fils somme toute bestial et ignare avec l’assentiment d’un père beaucoup plus près de son capital qu’il ne veut le faire paraître.

    Pour moi, il y a la scène du viol qui, comme dit plus haut, fait basculer le film jusqu’à son acmé, la scène d’amour, mais la scène la plus cruciale (de croix ? non, je ne vais pas dire cruciale) la scène la plus révélatrice du film est celle de la cuisine. Une cuisine étroite et haute. Zsófia parle pour la première fois et elle dit quoi ? Que son mari, un juif présenté comme très pratiquant, et elle, vont partir faire leur Aliyah en Israël et qu’elle est enceinte. László annonce que Harrison l’a recontacté pour finir le projet. Religion : l’Aliyah. Capitalisme : la construction. La famille : ils sont réunis autour d’un repas. La sexualité : l’enfant annoncé.

    Quant à l’étrangeté de la scène finale, elle montre une fin où la nièce silencieuse est devenue une présentatrice de premier plan, où les sombres desseins de Lazlo sont oubliés en même temps que la drogue et Erzsebet, son amour, et cela dans la ville baignée d’eau et à l’architecture improbable, dans la ville qui s’enfonce inexorablement, une de celles où le capitalisme pourrait avoir été révélé en successeur du paternalisme.

    The Brutalist ou la brutalité de l’envers de la liberté

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