Lecture

04-06-2022 : « l’oiseau d’Amériques » lu en 1980 relu en 2022

Je viens de terminer « l’oiseau d’Amérique » ce livre est riche, j’ai tellement de choses à dire sur ce livre que je ne sais pas par quoi commencer. Déjà une critique, cela sera fait, une critique qui n’en est pas vraiment une. Ce livre a été écrit avant Internet et Internet a changé pas mal de chose, il a été écrit, aussi, à une époque ou le plastique et le nucléaire étaient vu comme une réponse à notre société et ça génère des choses qui sont dorénavant étrange. Des plastiques inusables, des sources d’énergie infinie … 
Déjà, indéniablement, il a une vision de la robotisation relativement juste pour l’époque, « les robots ont le regard de leur créateur, des personnes qui haïssent l’humanité, sous prétexte de l’accompagner, ils la détruisent » (chercher la citation exacte), seuls les « psitaxis » (chercher le nom exact) sont amicaux. Les religieux sont d’une stupidité confondante pour l’écrivain qui semble aimer Jésus, qui voit en Jésus un symbole de la bienveillance incomprise. Les travers de l’éducation, on peut faire faire ce qu’on veut de quelqu’un qui est soumis depuis l’enfance, et la désobéissance est un acte libératoire et indispensable, mais il faut avoir un but. Les gens se suicident dans une société ou les drogues sont la solution et quand en plus les drogues sont stérilisante, le suicide devient une fin en soi, le désir d’enfant est profondément encré en l’humain, semble sous-entendre l’auteur, ou peut-être est-ce moi qui me fais plaisir ? L’éducation peut nous empêcher de voir des choses qui sont devant nous, et même si parfois, on les voit, on peut, même, refuser ce qui nous libèrerait. L’écriture, le vocabulaire est la source de la connaissance, en mettant des mots sur des sensations, on retrouve la mémoire et avec la mémoire, le temps qui passe et cette conscience du temps qui passe est ce qui nous différencie de l’animal. 
Ce qui me chagrine un peu est que Paul Bentley, un des trois personnages du livre, ouvre son esprit, certes, avec la lecture, mais surtout avec le cinéma, et surtout avec des films du début du cinéma, non pas que je nie que le cinéma puisse être artistique et libératoire, mais pour moi le cinéma est avant tout une industrie, même s’il existe quelques artisans, et même si dans l’industrie cinématographique, il peut y avoir des pépites. Mais dorénavant, je pense que le seul art qui soit est l’art vital, celui que chacun fait quand il a besoin de dire ou d’exprimer quelque chose, et cet art-là ne peut être vendu, ni même commercialisé. Mais je pense que j’aurai l’occasion d’écrire plus en profondeur sur ce que je pense de l’art. Toujours est-il que Paul Bentley se libère grâce au cinéma tout d’abord, puis de nouveau grâce à la lecture et avec la musique enregistrée sur la fin. Mais surtout, il prend conscience de ce qu’il est en écrivant son journal, et cela a donné un nouveau sens à l’idée de ce que je tente en écrivant le mien. Je m’aperçois que j’écris somme tout peu sur ce qui m’arrive dans la vraie vie et beaucoup plus sur les réactions générées par la lecture, mais il est vrai que je sors moins que je ne lis, mais je vais essayer d’écrire un peu plus sur mon quotidien qui m’échappe un peu. Le second personnage, Mary-Lou, le personnage féminin, est très étrange, car il est somme tout peu cerné, elle est original, ouverte, sexuelle, et finalement mère, tout au long du livre, on peut percevoir que l’écrivain est, par rapport au reste, étranger à la féminité. Robert Soppforth, le dernier personnage important, peut être même le plus important est un robot et un robot magnifiquement humain, un robot qui sait tout et ne fait rien, pourquoi est-il noir ? Je me pose encore la question, car cela est précisé plusieurs fois dans le livre. Il possède le savoir suprême, mais (vengeance de l’écrivain ?) il n’a pas de sexe. Il est ce que l’humanité technique a fait de plus aboutie, au point que ses fabricants lui ont même retiré la possibilité de se supprimer, il est fait sur une base humaine, on ne sait pas trop comment et dans le fond, on s’en fiche, mais toujours est-il qu’il est en haut de l’échelle du moment. Et il est conscient de ce qu’il est, mais sans réellement l’être, il est le symbole des travers d’une humanité qui se perd. Je vais arrêter là, car j’ai besoin, peut-être, de laisser passer un peu de temps avant d’aller plus loin.   

01-06-2022

Lire. J’ai quasiment toujours aimé lire. Et j’ai quasiment tout le temps entendu dire que c’est bien de lire. Et j’ai toujours trouvé cette assertion fausse. Ce qui est bien, il me semble, est d’être curieux. Ce qui est bien, aussi, c’est d’avoir du vocabulaire. Et effectivement, la lecture est sans doute un des moyens le plus simple de développer la curiosité et le vocabulaire, mais il est loin d’être le seul. La curiosité et le vocabulaire sont importants, mais il est, aussi, nécessaire de développer en parallèle des talents manuels. 
À titre perso, je ne sais pas d’où me viens cet amour de la lecture, mais je sais que j’y ai consacré beaucoup de temps et que du coup, je passais parfois pour quelqu’un d’intelligent alors que je n’était que cultivé. J’ai toujours lu des livres sur tout, et j’ai donc des avis sur tout et souvent avec des avis qui peuvent désarçonner ceux qui pensent me connaitre, ceux qui ont l’habitude de ne parler que pour donner leur avis. Souvent, dans une conversation, avant de donner mon avis, j’essaie d’énoncer des faits pour être sûr que nous parlons de la même chose, des faits que tout le monde connait, mais présenté d’un point de vue moins central, décalé. Par exemple : la lecture n’est pas indispensable.
J’ai toujours aimé lire et la lecture m’a permis de me cacher derrière des livres, j’étais capable d’en dévorer du matin jusqu’au soir, et même parfois la nuit. Quelque part, cela m’a sans doute permis de m’opposer à mon père qui ne lisait pas et qui aurait bien aimé, parfois, que je fasse autre chose que de tourner des pages, quelque chose de concret avec mes doigts, même s’il était sans doute fier que je sois un « intellectuel « , c’est souvent ça quelqu’un qui lit un « intellectuel » alors que j’étais juste timide, peureux et peut être un peu feignant … Et aussi curieux. J’ai été élevé dans l’idée qu’il fallait faire plaisir à ses parents alors que je vivais dans une époque de recherche du plaisir personnel. J’ai été le jouet des uns et des autres et j’oubliais ses manipulations dans les livres, mais j’aurai pu les oublier dans le sport, dans la création, mais l’un comme l’autre nécessitait du travail et des échecs avant d’arriver à un résultat, la lecture m’offrait tout sans grand effort.
Le premier livre que je pense avoir lu et aimé est l’Odyssée, ne suis-je donc pas un peu comme ce héros, Ulysse, parti pour une guerre qui ne le concerne pas réellement et qui rame pour rentrer vivant chez lui ; vivant et dominant mille aventures fantastiques, comme lui, j’ai essayé de me trouver, en étant ballotté dans mes livres alors que la vie et moi étions juste derrière les livres. 
Je pense à la lecture et à l’amour de la lecture, car je lis « l’oiseau d’Amérique » de Walter Tevis, encore un bouquin lu il y a quarante ans. Je relis beaucoup depuis quelques mois, ce que je ne faisais jamais auparavant. J’avais un bon souvenir de ce livre, que j’avais lu en entier contrairement à  » Berlin alexanderplatz« . Je me souvenais de ce robot qui ne pouvait pas se suicider, sa programmation l’en empêchant. Mais j’avais oublié, si j’en m’en étais aperçu à l’époque, que c’était une ode à la lecture. Dans une société qui ne lit plus et qui est livrée aux machines, les humains deviennent suicidaires et soumis aux aléas d’un système « concentrationnaire ». Dans cette société une personne qui lit est une personne dangereuse. À l’époque de son écriture, l’informatique n’avait pas encore envahi nos sociétés, et cela, fait étrange … Je ne l’ai pas encore fini. Je préfère finir cette recension une prochaine fois. 

27-05-2022

Hier et avant hier, j’ai parlé de ma première expérience théâtrale. Je me suis peut-être un peu emballé, peut-être que, sommes toutes, personnes ne c’est aperçu de rien. Je me suis souvenu après coup qu’une fois notre spectacle terminé, j’ai entendu depuis ma cachette dans les « greniers » du théâtre, que Joël était revenu sur scène et avait fait un ou deux rappels et avec succès, donc il n’est pas impossible qu’une majorité des spectateurs m’aient oublié ou en tous les cas n’aient pas été surpris de mon absence … Un peu d’humilité ne nuit pas : émoticône clin d’œil. 
Je ne sais plus pourquoi j’ai repensé à cette expérience. En tous les cas, j’en conclus qu’un contrat est un contrat et qu’il doit être honoré, sauf si les deux parties sont d’accord.
Il est des jours où il n’y a pas grand-chose à dire, ce soir ma Chérie rentre, enfin, elle me manque même si je suis content pour elle. La journée n’a pas eu grand intérêt et si parfois les mots viennent sur le clavier, je dois reconnaitre qu’aujourd’hui, c’est sec de chez sec.
Je devrai travailler mes photos, mais de la même façon que parfois, je suis pris de « boulimie » parfois, je suis pris d’une envie de procrastination, de ne rien faire. Même pas par fatigue. Juste rien. 
….Si, une petite chose, j’ai enfin terminé Berlin Alexanderplatz d’Alfred Döblin. Je vais essayer de vaincre ma nature et mon envie de ne rien faire en parlant de ce livre. Je l’ai rencontré dans le tout début des années quatre-vingt, je l’avais acheté comme livre de chevet pour mon service militaire à Villingen-Schwenningen. Je l’ai laissé à mon voisin de chambrée qui, bien que « distant » avec tous, me semblait « intéressant », j’ai oublié son nom. Dommage. Nous avions eu une perm pour aller voter et je n’en reviendrai que quatre mois plus tard après ma désertion et j’ai appris à ce moment-là qu’il avait été reformé, après s’être mis à nu sur une des places de la ville allemande. Qui sait peut-être que grâce à ce blog, je pourrai reprendre contact avec lui. En tous les cas, je ne sais plus pourquoi ce livre. À l’époque, je crois que je fréquentais, un peu les salles d’art et essai et donc Rainer Werner Fassbinder, qui aimait beaucoup ce livre. Toujours est-il que j’ai commencé à le lire à cette époque et que j’en avais un souvenir effroyable, mais pas repoussant. Mystérieux. Je savais ou plutôt je sentais que ce livre était important, mais qu’il me faudrait le déchiffrer. J’ai été tenté de le racheter plusieurs fois, mais … Toujours est-il que Fred et Simon l’avaient chez eux et qu’ils ont bien voulu me le prêter. Et donc je l’ai lu, avec difficulté je dois avouer, le style est « fragmenté », mais je me suis attaché à Franz Biberkopf et à sa relation avec son quartier cosmopolite. Une des difficultés venait de moi, et de ma stupidité : jusqu’à un tiers, la moitié du roman, j’ai été persuadé qu’il avait été édité en 1939 et je m’attendais inconsciemment à voir la montée du nazisme, sauf que force est de constater que vers 1927 où se déroule l’action ; le livre est sorti en 29, le nazisme était encore larvaire, au point qu’il n’y est fait quasiment aucune allusion. Une fois que je me suis débarrassé de cette attente, j’ai pu me plonger dans cette histoire sans plus rien en attendre de précis, comme il se doit de lire un roman. Et je dois avouer que cette ballade dans le Berlin d’entre deux guerres était fascinante, il y est question de chômage, d’arrêt de travail, de prostitution, d’amitié, de confiance, de trahison et à un moment même, on croise des communistes dont le discours ne pourrait être renié par notre Nathalie Arthaud, tellement le combat communiste de cette époque est encore contemporain. Bref, ce livre est ardu mais attirant, fascinant et je pense qu’il va me rester un bon moment.  j’ajoute  qu’un des écueils de ce genre de littérature, est que ce qui ne connaissent pas bien l’époque et le lieu ne peuvent que passer à coté d’éléments importants, mais pas forcement essentiels, du livre, et que c’est un sacré challenge de traducteur. Bravo. Chapeau. Merci à vous Zoya Motchane.

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